Rachid Hassani: Le Hirak est un acte politique !
Chargé à la communication au sein du RCD, Rachid Hassani, revient dans cet entretien sur l’interdiction de l’université d’été que devait organiser le wee-kend dernier son parti à Azzefoune, le Hirak, les droits humains en Algérie, la ligue arabes …
CCN : Comment expliquez-vous la dernière décision des autorités d’interdire votre université d’été ?
D’abord le parti, le RCD, prend acte de la décision de refus de l’administration de tenir une activité, somme toute normale, pour un parti politique agréé. L’explication, à mon avis et c’est l’avis de mon parti, c’est que l’option autoritaire du pouvoir de fait n’est plus conjoncturelle, mais bel et bien une option stratégique de normalisation et de catégorisation de la classe politique, le message est très clair : la Normalisation ou le silence… Ou vous êtes avec nous, ou nous serons contre vous.
CCN : Pourquoi cet acharnement contre le camp démocratique en Algérie ? RAJ, MDS, PST.. Et maintenant le RCD ?
Le regroupement de ces partis autour de l’initiative du pacte pour l’alternative démocratique PAD à sérieusement ébranlé et contrarié le système qui ne concevait pas que des Algériens, malgré leur divergence, pouvaient se mettre d’accord pour constituer une alternative démocratique et sérieuse au système en place. Cet acharnement sur les partis que vous venez de citer et sur le RCD, participe aussi de cette velléité de mettre au pas les voix qui porte la contradiction à ce pouvoir et qui se sont placés en porte à faux avec son agenda électoraliste et de normalisation, elle s’explique enfin par le fait que ces partis refusent de brader leur autonomie décisionnelle.
CCN : Nous sommes en octobre, nous venons tout juste de célébrer le 5 Octobre 88, que reste-t-il des acquis d’octobre 88 ?
Malheureusement, nous assistons et d’une manière graduelle et bien concoctée, à la remise encore de pratiquement tous les acquis d’octobre 88, les libertés individuelles et collectives, le pluralisme politique, la liberté syndicale et d’expression…etc de tous ces acquis. Il ne reste que la façade.
CCN : Le pouvoir en place essaie à tout prix, semble-t-il, d’effacer l’étape « Hirak » De la mémoire collective des algériens, pourquoi à votre avis ?
Le soulèvement et la révolution qu’on appelle communément Hirak était un acte politique poste indépendance unique et grandiose, de par son importance, les revendications portées pendant des mois, son essence pacifique et sa maturité ont dérouté le pouvoir à qui l’occasion de le réprimer n’a pas été donnée, les Algériens de différentes obédiences ont compris l’enjeu, ils ont réagi dans l’unité, chose inconcevable pour le système. Le Hirak était venu comme l’anti-thèse du système, sa remise en cause, la rupture totale avec le système qui a prévalu depuis 62 étant consommé, le mouvement du 22 février ne peut déboucher que sur la disparition du système ou le Hirak lui-même d’où cette velléité du pouvoir en place à l’effacer.
CCN : Rien ne va plus en Algérie, sur le plan économique, politique, social, mais le régime se focalise sur le sommet arabe…. Qu’est-ce que ce sommet va réellement apporter à l’Algérie ?
Le sommet Arabe fait partie de ces vaines tentatives du système à restaurer son image, il participe de cette volonté à détourner l’attention sur une réalité interne intenable sur tous les plans, politique, économique et sociale. Elle n’apportera, malheureusement, que des dépenses en plus pour son organisation. La réalité de l’unité arabe factice étant connue, je ne crois pas que ce sommet Arabe débouchera sur un quelconque dividende diplomatique concret et majeur.
CCN : Les détenus d’opinion sont devenus les oubliés de la saison, comment peut-on remédier à cette situation ?
La situation voulue, créée et conçue par le pouvoir, fait de terreur et de répression fait que beaucoup de citoyens ont légitimement battus en retraite, beaucoup d’autres continuent aussi de résister. Nous croyons et nous ne ménagerons aucun effort au RCD pour sensibiliser et réunir les forces vives de notre pays pour ramener ce pouvoir à reconsidérer ses positions et comportements autoritaires. Intensifier les solidarités avec les détenus politique et leur famille est le minimum que l’on puisse faire aujourd’hui. Débattre et construire des passerelles pour un regroupement, le plus large possible, des forces politiques, syndicales et tous ceux qui songent à un autre avenir pour l’Algérie et les Algériens sont une nécessité vitale et historique.