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La révolution est une femme !

Je marche pour battre le pavé qui m’a longtemps été interdit et dans un chaos assourdissant, mes lourdes chaines soulèvent dans leur élan, les débris de ma servitude codifiée.

Prisonnière de vos insanités, je marche pieds et poings liés,  le dos courbé par le poids du silence et des regards détournés.

Il parait que le paradis est sous mes pieds, pourtant c’est sur des braises ardentes que j’arpente le bitume érodé par vos escroqueries et votre immortalité. 

Je marche malgré votre sadisme et votre manque de civilité et si vous me pensez victime d’une mystérieuse fatalité, craignez ma résistance et prenez pour témoin l’Histoire et la colère de mes ainées.

Je marche le regard débordant de fierté, vissé dans le firmament pour ne pas croiser vos bas instincts, et mes entrailles vomissent à la face du monde ma parole confisquée.

Indomptable, je marche comme si ma vie en dépendait. Appelez cela du courage si vous le souhaitez, mais ce n’est que la témérité qui subsiste à mon honneur bafoué. Car lorsqu’on n’a plus rien à perdre, il ne reste que l’espoir à gagner.

Je marche, comme une damnée de la terre qui avance vers la potence, la tête haute, malgré ma dignité prise en otage par la fabrication du consentement, l’intimidation et la lâcheté.

Je marche encore et encore jusqu’à ce que le son de mes pas fasse trembler les murs de mes geôles et que s’effondre le triste sort que l’on m’a assigné, jusqu’à ce que mes gardes-chiourmes abdiquent et que soit hissé l’étendard de la paix.

L’Algérie est une femme sinon comment expliquer les viols, les outrages, les transgressions à répétition à son égard en toute impunité.

La Mère Patrie est une femme sinon comment expliquer qu’elle soit encore debout après tant d’années de souffrance, prête à se battre jusqu’à ce que mort s’en suive  pour que vivent ses enfants dans la dignité et le respect mérité.

La révolution est une femme sinon comment expliquer qu’en son sein se mêlent la beauté d’une pétale et la puissance d’une lame acérée. 

Rania Hadjer

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